Longtemps ignoré, le réchauffement climatique impacte désormais notre quotidien. Pourtant, la transition énergétique pose aux pouvoirs publics des choix budgétaires et sociaux redoutables. L’écologie ne doit pas être perçue comme « punitive » et en même temps, elle nous oblige à changer radicalement nos habitudes de vie et de consommation.
Comment ces bouleversements sont-ils perçus dans les quartiers populaires ? Les occupants de ces grands ensembles sont-ils sensibles aux messages incitant à l’adoption d’éco-gestes ou à la maîtrise de l’énergie ? C’est ce que nous avons voulu savoir en nous intéressant aux « Hautes Noues », un quartier prioritaire de Villiers-sur-Marne, dans le sud-est de Paris, où une association « DPF » a été créée récemment avec le soutien de la Ville, pour former de jeunes volontaires du service civique et les sensibiliser aux enjeux de l’écologie afin qu’ils portent la bonne parole autour d’eux…
L’association DPF créée par Mamou Soumaré et Tarek Ben Mansour propose des ateliers d’insertion, de développement personnel et d’éco-gestes. Elle se compose de volontaires du service civique venant de tous les horizons. Certains présentent des handicaps, d’autres sont "sous main de justice", autrement dit effectuent leur TIG (Travail d’Intérêt Général) au sein de l’association.
Mon enquête m’a amené à recueillir le témoignage d’habitants du quartier, mais aussi de responsables locaux, comme le maire adjoint chargé de la transition écologique ou le directeur de la mission locale, ou encore le responsable de la politique de la ville. J’ai également interrogé le PDG d’une grosse entreprise suisse d’électricité, Primeo Energie, qui s’implante en France et soutient l’association. J’ai recueilli le témoignage d’une juge d’application des peines du tribunal judiciaire de Créteil, ainsi que de quelques-uns des "volontaires" du service civique.
Le constat qui ressort de tous ces témoignages est assez contrasté. Si les quartiers populaires sont moins pollueurs que les autres, les efforts qui sont faits pour maîtriser l’énergie sont moins le fruit d’une conscience écologique que de la contrainte financière, à un moment où le prix de l’électricité s’envole. il s’agit moins de "sauver la planète" que d’assurer ses fins de mois. D’autant que ces familles ne se sentent nullement responsables des dérives actuelles de la consommation qui ont conduit au dérèglement climatique.
Elles ont au contraire toujours pratiqué la "débrouillardise" : achats d’occasions, troc, réparation, revente, échange de services, etc. De plus, certaines personnes d’origine étrangère ont transposé en France des "bonnes habitudes" acquises dans leur pays d’origine. Elles pratiquent donc naturellement, par nécessité ou par éducation, une "sobriété" qui pourrait bien servir de modèle à des populations plus aisées.
Enquête passionnante que la mairie a souhaité éditer sous forme de livre qui n’est pas disponible à la vente mais qu’on devrait pouvoir se procurer auprès de la mairie.