À l’âge de 8 ans je commence à imaginer des petites fictions. Je les écris sur un petit carnet Manifold. Sur la page quadrillée j’écris les dialogues et sur la page unie je dessine le "storyboard" des scènes. Ma première création s’intitule Histoires de perles , un scénario policier inspiré des séries télévisées de l’époque. C’est dans le bus que je prends pour aller chez le dentiste que j’imagine la plupart de mes histoires. Je les mets en scène — seul ou avec mon frère, mais le plus souvent seul — dans la maison que mes grands-parents possèdent dans l’Oise. Un paradis pour exciter mon imagination d’enfant, avec ses allées ombragées, ses tonnelles, et, à l’intérieur, ses pièces obscures au grenier.
En 1961, je crée une bande dessinée intitulée P’tit gros au cirque. Un bon gars, P’tit gros, se rend dans un cirque et assiste avec plaisir aux différents numéros. Puis vient le final avec une fanfare, mais l’homme qui doit jouer de la grosse caisse n’est pas là. P’tit gros se propose pour le remplacer et tape sur son gros ventre en guise de grosse caisse ! Cela le fait beaucoup souffrir et il quitte le cirque en se jurant qu’il n’y retournera plus ! Un psychanalyste se délecterait de ce genre d’histoire enfantine !
L’année 1964 — j’ai 13 ans — est particulièrement prolifique. Mon père m’a enfin acheté un magnétophone Grundig avec lequel je vais pouvoir enregistrer mes premiers scénarios radiophoniques . J’écris aussi des parodies d’émission de télévision que j’enregistre avec des amis.
Cette année-là, j’écris non seulement des sketchs parodiques, mais aussi des épisodes d’une série policière "L’Inspecteur Harris mène l’enquête" et deux fictions complètes : "L’étrange aventure du Pr Bergougne" et "Prisunic n’a qu’une parole".
En fait, mes fictions de l’époque étaient inspirées par les ambiances sonores de disques de bruitages que j’achetais avec délectation. Ambiance de rue, de mer, de ferme, d’usine... Tous ces sons excitaient mon imagination et je puisais en eux l’inspiration des scènes de mes scénarios...
À l’époque, je tape mes scénarios sur la machine à écrire Royal de mes parents. Je crée même des petits livres au format de poche et pour que le texte soit parfaitement justifié, c’est-à-dire parfaitement aligné à gauche et à droite, je commence par écrire mon texte sur du papier quadrillé, une lettre dans chaque case, et je calcule ainsi le nombre d’espaces que je dois ajouter pour aligner le texte à droite. Un travail de fou.
Plus tard je ferai l’acquisition d’une machine électrique, la Letera 36 d’Olivetti, mais c’est en 1985 que je vais vraiment vivre une révolution quand sort le premier MacIntosh d’Apple ! Il coûte une fortune, mais je l’achète sans hésiter. C’est la plus belle machine à écrire jamais inventée par l’homme. "Hello Wold !".
Mais avant que cette merveille bouleverse ma vie, je continue de taper et retaper mes textes à la machine...
Mes derniers scénarios radiophoniques datent de 1969. Mes parents quittent Paris et s’installent en Seine-et-Marne. Curieusement, j’oublie la télévision et les scénarios et je me lance dans la rédaction de textes, des sortes de nouvelles. C’est une phase de transition. Je suis influencé par l’univers de Lautréamont et de Lovecraft.
Et puis en mai 1971, c’est l’explosion et s’ouvre une période de 10 ans pendant laquelle je délaisse les scénarios et me lance dans l’écriture de nouvelles...