Mon entrée à la télévision correspond à un vieux rêve d’enfant.
Dès mon plus jeune âge, j’ai été attiré par le spectacle. Le souvenir fondateur de ma vie, ma petite pierre blanche, mon repère, remonte à mes dix ans. Nous allions tous les ans avec mes parents et mes deux frères — mon frère aîné Bernard et mon frère cadet Didier — passer le mois d’août à Ronce-les-Bains, une charmante station balnéaire familiale de Charente-Maritime, située juste en face de l’île d’Oléron.
Un soir, nous sommes allés voir le « Podium électronique d’Europe n°1 » animé par Harold Kay, qui passait à la Tremblade, une petite ville bien connue pour ses huîtres. Nous sommes arrivés en retard et nous avons dû nous placer sur le côté de la scène. Loin d’être un inconvénient, ce fut pour moi un positionnement magique, qui allait décider de mon destin ! À gauche, je voyais la scène sous le feu des projecteurs, à droite, j’observais le camion de la régie. Le technicien appuyait sur des boutons et aussitôt les lumières s’éteignaient ou s’allumaient, la musique démarrait ou s’arrêtait. Féerique ! Et entre les deux, juste derrière le rideau, en coulisse, Harold Kay et les vedettes attendaient avant d’entrer en scène. Ce soir-là, je me suis juré que, toute ma vie, je serais toujours situé ainsi entre ombre et lumière. Ni totalement sur le devant de la scène, ni totalement dans l’ombre, mais entre les deux. Un pied dans chaque monde.
Et, effectivement, ensuite, dans ma vie, je n’ai eu de cesse de me situer entre ces deux mondes. Mais à l’époque, j’avais surtout retenu de cette soirée, outre le sens de ma vie - ce qui n’est déjà pas rien - le pupitre du régisseur. Tous ces boutons allaient me fasciner longtemps...